Le cabinet de curiosité

Bulletin

ÉPINGLÉ

🙏🏼󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 Merci ! Les 1000 premiers exemplaires du « dico des mots extraordinaires » partent comme des petits pains — on a déjà lancé une première réimpression. Merci pour vos messages très sympas, et ravi qu’il plaise autant. Si vous voulez (vous) l’offrir pour la Fête des mères dimanche, il est encore temps.

Les bonnes infos

Pour lancer votre semaine sur le bon tempo

Victoria Kalaichi

→ Le pouvoir des fleurs

Jordan est boulanger dans un hypermarché près de Lens. Un jour, en allant se recueillir au cimetière, il remarque de nombreuses tombes laissées à l’abandon. Et pourquoi pas, se dit-il, leur redonner quelques couleurs ? Avec l’accord de son employeur, il décide de récupérer les bouquets de fleurs officiellement périmés mais encore en bon état, pour ensuite les mettre à disposition gratuitement dans les cimetières. Jordan a depuis élargi aux Ehpad son service de fleuriste bénévole.

→ Une mère courage

70 000 Ukrainiens se sont réfugiés en France. Jane et ses deux filles, Marta et Zlata, ont dû du jour au lendemain traverser la moitié de l’Europe avec Lucifer leur chat sous le bras. Harry Potter, le poisson rouge, a lui voyagé dans un pot de Nutella vide. À Noisy-le-Grand, cette famille tente de retrouver un équilibre, dans l’attente d’un retour incertain

→ Un bateau laboratoire

À Tinduff dans le Finistère, le Skravig 1 a été officiellement mis à l’eau. Ce catamaran va expérimenter la pêche à la voile. Ce projet écolo très sérieux est porté par deux amis, l’un docteur en biologie marine, l’autre marin pêcheur professionnel. Aujourd’hui, pêcher deux kilos de poisson « coûte » un litre de gasoil.  

→ Une rencontre inoubliable

Ceux qui ont croisé la route des chenilles processionnaires — elles se déplacent à la queueleuleu — s’en souviennent. Leurs poils urticants sont des petits harpons toxiques. Ils provoquent des démangeaisons souvent bénignes mais terribles. Depuis quelques jours, ces chenilles sont désormais classées en nuisibles. Avec le réchauffement climatique, la chenille processionnaire du chêne a migré vers le nord de la France. Celle du pin a elle « profité » des plantations massives de ce résineux. Bonne nouvelle : une mésange peut manger chaque jour 500 chenilles.

PS : Envie d’autres rencontres inoubliables ? Lisez cet article.

CHEZ NOS VOISINS

🇨🇭 Suisse. Dans le canton de Vaud, les chercheurs expérimentent la forêt du futur, pour affronter le scénario d’un réchauffement de +2°. Les cèdres du Liban remplaceront les épicéas

🇪🇸 Espagne. Pour les femmes confrontées à des règles douloureuses, l’Espagne va créer un congé menstruel. Si c’est une première en Europe, ce dispositif existe déjà au Japon ou en Corée du Sud

🏴󠁧󠁢󠁳󠁣󠁴󠁿 Écosse. Alerte mignonitude ! Une portée de chatons sauvages vient de voir le jour dans un parc animalier des Highlands (la vidéo). Nés en captivité, ces chats font partie d’un important programme de réintroduction, comme le racontait Libération. Le chat sauvage est connu pour sa furtivité et sa férocité — la devise des clans écossais est « Ne touchez pas au chat sans gant ». À cause de la chasse, de la dégradation de son territoire et du croisement avec le chat domestique, il n’en reste que quelques dizaines. L’objectif : que le chat sauvage ne rejoigne pas le bestiaire des animaux imaginaires, comme la licorne — symbole de l’Écosse — ou le monstre du Loch Ness.

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Ce long chemin qui mène à soi…

C’est un récit infiniment personnel. Une histoire belle mais pas toujours simple : celle d’une jeune femme qui découvre son homosexualité. « Mais non ! Non, j’suis pas lesbienne ! ». Accompagnée de ses amies, Elodie Font a arpenté « ce long chemin qui mène à soi » entre 15 et 30 ans. Elle l’a d'abord raconté en 2017 dans un podcast intitulé Coming In. Un récit bouleversant sur le désir et les sentiments.

💁🏻‍🙎🏼‍♀️ La bande dessinée. Avec Carole Maurel au crayon, c’est une adaptation enrichie du podcast. Les dessins ont remplacé les voix, mais permettent de ressentir tout autant la force des émotions qui parcourent l’héroïne.

🎧 Le podcast. Chaque semaine, « La Bande Dessinée » rencontre une autrice ou un auteur de BD. Au micro de Thomas Baumgartner, des artistes reconnus comme Zep, Florence Cestac ou Riad Sattouf, et des débutants plein de talents. En dix minutes, ce podcast produit par wave.audio est une mine d’idées pour sortir des sentiers battus et enrichir votre bibliothèque.



La bonne anecdote

⛵️󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 Pour briller à la plage.  Connaissez-vous le macoui ? Ce grand serpent marin accompagne et protège chaque bateau en s'accrochant à la poupe. La preuve de son existence ? Le long sillage qu'il laisse dans l'eau à l'arrière. Quand un bateau change de propriétaire, il faut, selon la tradition maritime « couper le macoui ». On versera un verre d'alcool pour saouler le serpent tandis qu'une autre embarcation viendra couper par trois fois le sillage, afin de détacher symboliquement l'animal de son ancien bateau.

C'est pas sorcier

Pourquoi est-ce si difficile de corriger ses propres fautes ?

iStock

Nous sommes mortifiés ! Lundi dernier, en changeant l’un des textes de cette newsletter juste avant l’envoi, nous avons fait une énorme faute d’orthographe : le « ver » d’oreille est devenu un « vers » d’oreille. La formule est poétique, mais la faute terrible ! On s’est relu deux fois et on est passé au travers. Mais pourquoi ? En guide d’excuses, on partage cet article de Wired qui livrait quelques explications.

À retenir :

  • Être incapable de se relire est normal. Le psychologue Tom Stafford a étudié des milliers de fautes d’orthographe. Pour lui, se relire, c’est tout simplement essayer tromper son cerveau en lui faisant croire qu’il lit la chose pour la première fois. Ça ne marche pas. 
  • Écrire est une tâche de haut niveau. Elle va mobiliser une forte puissance cérébrale. Pour l’exécuter, le cerveau va généraliser les tâches simples — la mise en lettres et en mots — pour mobiliser cette puissance sur les tâches complexes, les idées. En se relisant, le texte que nous lisons entre forcément alors en concurrence avec le texte que nous avons en tête. Et là, c’est le drame…
  • Se relire, c’est arpenter un trajet familier. Quand vous allez au travail en voiture, vous ne réfléchissez pas au trajet, votre cerveau l’a intégré en toile de fond via un système de carte mentale. Si vous relisez vous-même, c’est comme si vous parcouriez ce même trajet en mode automatique. Vous n’aurez jamais la même vigilance que quelqu’un qui arpente ce trajet pour la première fois — et va être bien plus attentif aux détails, à la signalétique, aux horribles fautes d'accord.
  • Trucs et astuces. Sans être une solution miracle, casser la familiarité que nous avons avec le texte, en changeant par exemple la typographie ou la couleur, est un truc utile. Se relire le lendemain l’est également. Mais l’idéal restera toujours d’avoir un bon correcteur ou une bonne correctrice. 

👉 À lire ici (en anglais)

Le saviez-vous ? La touche « retour arrière » est la troisième la plus utilisée sur un clavier, derrière la barre d’espace et le « E ».

Pas merci. « Tes états d’âme sont pour moi Éric comme les états d’Amérique… »  Vous êtes nombreux à nous à avoir envoyé vos vers d’oreille. Une mention particulière pour Antoine, un lecteur genevois, grâce à qui nous avons cette chanson en tête depuis une semaine.

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À PICORER

✂️ Carte. Diminu'tif, Speed'hair man, Bio tiff houle, No peigne no gain… Voici LE site ultime pour les amateurs de coupes de cheveux et de jeux de mots.

👨‍🎤 Mode. Trouver son look est ultra important dans la construction d’un ado. Parfois au grand désespoir des profs et des parents. Gloria, Jade, Moha, Camille et Raphaël racontent pourquoi la recherche du bon style est si importante.

🐆 Nature. Au moment de ses chaleurs, la femelle fossa, une sorte de chien-puma de Madagascar, grimpe sur un arbre pour filtrer les prétendants. La mangouste rayée va draguer les mâles d’une autre meute, pour provoquer une bagarre générale et profiter de la confusion pour s’accoupler avec son favori. Enfin, la hyène tachetée possède un clitoris allongé qui interdit tout accouplement forcé.

⚡️ Mythologie. D’Athéna à Captain America en passant par Wonder Woman et Dark Vador : grâce à la pop culture et aux jeux vidéos, la mythologie est plus vivace que jamais.

📱 Internet. Être influenceur sur les réseaux, c’est drainer avec soi des millions de fans. Qui parfois — et c’est problématique — vous considèrent comme leur ami

« Une vie humaine devrait ressembler à un cours d’eau : petit au début, étroitement contenu entre les rives, puis dévalant impétueusement rochers et cascades. Peu à peu, la rivière s’élargit, les berges reculent, les eaux du fleuve coulent plus tranquillement, et à la fin, sans rupture visible, ces eaux se fondent dans la mer ou elles se perdent sans douleur. L’homme qui, dans la vieillesse, peut voir son existence de cette manière, ne souffrira pas de la peur de la mort, puisque les choses auxquelles il tient continueront.  »

Bertrand Russell — « Comment vieillir » 

Philosophe britannique (1872-1970)

Plaisir des yeux

Voyage au cœur de la musique

Charles Brooks

Le Néo-Zélandais Charles Brooks a eu un jour une idée extraordinaire : photographier les instruments de musique, non pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. L’exploit est d’abord technique. Le photographe a introduit une sonde dans ces instruments parfois multicentenaires. Il a fallu aussi dompter l’éclairage très puissant sans endommager l’instrument. Le résultat est bluffant. Chaque instrument ressemble à un lieu. Le saxophone, ce sont des canalisations futuristes. Dans un piano, on se croirait dans une fabrique de câbles ou une usine textile. Le didgeridoo australien forme une grotte préhistorique. Notre préféré, c’est le violon, avec ses allures de vieux saloon à l’abandon. 

📸 Ses images

👉 Sa démarche

Le mot de la fin

🏡 Heimat. Expliquer et traduire ce mot allemand n’est pas simple. Heimat vient du mot Heim, la maison, le foyer. Un lieu où l’on se sent chez soi : son pays natal, notre maison, le village ou le quartier de son enfance, plus largement tout endroit cher à son cœur. Il n’y a pas de notion de patriotisme dans Heimat, plutôt un sentiment d’attachement.

Dans notre Heimat, on peut être soi-même, en toute sécurité, entouré de sa famille et de ses amis et abrité des tumultes du monde extérieur. Les lieux et les souvenirs sont familiers, même après une longue absence : l’odeur de la glycine de votre enfance, les tartes à la rhubarbe de votre grand-mère, les rires des jeux aux jardins, les baignades d’été dans la rivière voisine. Heimat, c’est aussi les discussions joyeuses et interminables avec ses amis le soir en terrasse. Même si le mot s’emploie peu au pluriel, il n’est pas interdit d’avoir plusieurs Heimat.

Heimat, c’est un sentiment intime et profond que l’on transporte avec soi, dans lequel on peut puiser pour trouver du réconfort. Quand le Heimweh, le mal du pays, est trop fort, on revient dans notre Heimat pour raconter et partager avec celles et ceux que l’on aime tout ce que l’on a vécu.   

En Allemagne, ce mot très ancien a une histoire assez ambivalente. Les nazis l’ont beaucoup utilisé pour leur propagande anti-juive. L’extrême droite allemande tente d’en faire un mot identitaire et du repli. Ce qu’il n’est pas. 

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