À nos lecteurs

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À épingler

❤️ Les mots doux. Lassé des « mon amour » ou des « mon cœur » ? Voici quelques alternatives pour votre Saint-Valentin : « mon miel » (balim en turc), « ma coccinelle » (cонечка en ukrainien), « mon foie » (جیگرم djigaram en farsi), « mon pouls » (mo chuisle en gaélique). Ou, plus audacieux, « ma petite boulette de viande » (polpettina en italien) ou ma « petite crotte » (drolletje en néerlandais).

L'histoire d'amour

L'histoire d'une passion « brûlante et fugitive »

André SAS - Gamma-Rapha - Getty

Un coup de foudre. Leur première rencontre dans un cabaret parisien date de 1949, comme le raconte le Huffington Post. La Française Juliette Gréco a 22 ans et chante du Boris Vian. L’Américain Miles Davis a 23 ans et triomphe comme jazzman. Coup de foudre. « Je sortais de la guerre et, dans sa musique, j’entendais la liberté », dira-t-elle. Lui surenchérit : « Elle m’a appris ce que c’était que d’aimer quelqu’un d’autre que la musique. »

Les malheurs de l'histoire. Sauf que… Dans l’Amérique de la ségrégation raciale, leur couple mixte ne passera pas. « Il savait que je serais malheureuse et que j’aurais été traitée comme une pute de bas étage ». Le couple se sépare et l’avenir donnera raison à Miles. Au milieu des années 1950, Juliette lui rend visite à New York et, au restaurant, le couple est traité pire que des chiens. À Jean-Paul Sartre qui lui demande pourquoi il n’épouse pas Gréco, Davis répondra : « Parce que je l’aime ». Les amoureux continueront de se voir jusqu’à la mort du musicien en 1991.

👉 À lire ici

Les lettres d’amour

💌 Le cœur de l’océan. C’est une lettre d’amour écrite il y a 80 ans par un militaire en poste en Asie à Iris, sa fiancée restée au Royaume-Uni. Le 16 février 1941, le cargo postal qui ramène la lettre est torpillé par un sous-marin allemand au large de l’Irlande. La lettre sombre dans les abysses à 4000 mètres de profondeur. En 2010, une mission de recherche découvre l’épave et remonte les sacs postaux. Lyophilisée puis dessalée à l’eau douce, la lettre est reconstituée au Musée de la Poste de Londres. Voici son contenu : « Imaginez que j’ai mes lèvres serrées contre les vôtres avec mes bras autour de vous serrés, le cœur à l’unisson… »

✏️ L’amour sur Post-it. Après le décès du dessinateur Georges Wolinski dans l’attentat contre Charlie Hebdo, sa femme Maryse a confié dans un livre qu’il collait partout à travers l’appartement, les jours où ils ne se croisaient pas, des petits mots sur Post-it : « J’embrasse ton adorable sourire », « Ma chérie, il est 21 heures, j’ai fini mon dessin et ma pomme. Cela fait quarante ans que je t’aime. »

🌸 Les fleurs de guerre. Pendant la Première Guerre mondiale, les poilus glissaient parfois des fleurs cueillies près des champs de bataille dans le courrier adressé à leurs amoureuses. Ou bien des feuilles d’arbres sur lesquelles ils dessinaient ou écrivaient le nom de leur bien-aimée.

« Je t’aimerai jusqu’à ce que la neige soit noire. »

Léo Malet dans « Brouillard sur le pont de Tolbiac »

Écrivain français et papa de Nestor Burma (1909-1996)

L'INTIMISTE

Library of Congress

L’Intimiste, la newsletter des épicurieux

Vous préférez l’écume des jours à l’écume de l’actualité ? Vous pensez que la vie ordinaire a tout d’exceptionnel ? Chaque mois, L’Intimiste raconte, avec un ton surprenant et vivifiant, les petites histoires si importantes de nos vies.

Si Bulletin est — nous l’espérons — un bon moyen de commencer votre semaine, la newsletter de L’Intimiste, envoyée gratuitement un dimanche par mois, est un merveilleux moyen de la finir en beauté.

Les mots du désir

💏 Mamihlapinatapai. Ce mot yagan, une langue amérindienne de Patagonie, décrit un moment très précis : quand deux personnes se regardent dans les yeux et désirent la même chose, sans que ni l’une ni l’autre n’ose prendre l’initiative. Des chefs de guerre qui négocient la paix ou des amoureux qui brûlent de s’embrasser.

❣️ Kilig. En tagalog, la langue en usage aux Philippines, kilig désigne l’excitation romantique, l’étincelle hormonale qui vous saisit lorsque vous rencontrez celui ou celle qui pourrait devenir votre crush, la personne aimée. Soit un mélange aussi délicieux que fugace de vertiges, de tremblements et de frissons qui vous chatouille le ventre (c’est son sens littéral).

😍 Koi No Yokan 恋の予感. En japonais, cette expression désigne le pressentiment de l’amour. La certitude que vous allez — dans le futur — tomber inévitablement amoureux de la personne que vous venez de rencontrer.

« Être amoureux, c’est être complètement impuissant, sans bras ni jambes, une sorte de viande à kebab qui tourne sur elle-même dans un snack-bar graisseux, capable de rien, sauf de cramer, désemparée de ne pouvoir rien faire sauf être une sorte d’espace d’accueil d’un désir, un unique désir, celui d’être près d’un abruti qui s’appelle Kevin. »

Liv Strömquist

Autrice et dessinatrice suédoise

L'histoire d'amour

Gisèle et Albert, le droit au bonheur

iStock

Une histoire d’amour. C’est un coup de foudre aussi émouvant qu’inattendu que raconte France Culture dans le podcast « Laisse tomber les femmes ». Gisèle, 80 ans et Albert, 91 ans, sont tous les deux pensionnaires d’une maison de retraite près de Rennes. Et tombent amoureux l’un de l’autre. « Honnêtement, ce n’était pas pour le sexe, mais plutôt une amitié très très profonde. » Albert et Gisèle partagent leur goût du rugby à la télé et de la grande musique. Tous deux adorent chanter. Albert décède deux ans plus tard.

Les années de « malheur ». Au fil du reportage, Gisèle raconte un autre versant de sa vie : ses 41 ans de mariage. « Du malheur », dit-elle pudiquement. On comprend que son mari la battait. Et qu’elle s’est tue toutes ces années. « Mes enfants ne l’ont jamais su. Je n’exprimais pas mes sentiments, je ne me mêlais pas des conversations. J’avais honte parce qu’on me rabaissait tout le temps. Tout le monde me croyait heureuse. Je parle depuis que je suis ici… »

L’amour des autres. Aujourd’hui, Gisèle espère que la nouvelle génération sera plus heureuse qu’elle. Elle essaye toujours de se rendre utile : elle tricote des vêtements pour les nouveaux-nés pour une association caritative. En souvenir d’Albert et des jours heureux, elle entonne souvent Le Temps des Cerises de sa jolie voix claire…

🎧 À écouter ici (27')

Les mots de la passion

💏 Zweisamkeit. Ce mot allemand signifie littéralement « la solitude à deux » — Einsamkeit, c’est la solitude tout seul. Zweisamkeit, c’est un sentiment d’unité profonde, une passion fusionnelle qui fait que rien ne compte plus que l’être aimé.

🔥 Ya’aburnee يقبرني. Cette expression arabe se traduit par « Enterre-moi ». Elle n’a rien de lugubre et c’est un merveilleux cri d’amour : je souhaite mourir en premier parce que la vie sans toi serait insupportable.

❣️ Cwtch. En gallois, ce mot sans voyelle (prononcer kutch), outre son fabuleux potentiel au scrabble, possède un merveilleux double sens. Un cwtch, c’est un câlin, mais c’est aussi une petite armoire dans laquelle on range les choses en sécurité. Avec un cwtch, on se retrouve donc à l’abri dans les bras de l’être aimé.

🌻 Cafuné. En portugais du Brésil, ce mot désigne une caresse d’une grande tendresse effectuée du bout des doigts dans les cheveux de l’être aimé pour l’apaiser et l’aider à s’endormir. C’est une caresse des cheveux, mais aussi de l’âme. L’origine de ce mot est mystérieuse, mais il viendrait du yoruba ou du kimbundu, deux langues africaines parlées par les esclaves déportés au Brésil. Cafuné, c’est un geste d’humanité et de douceur face à la violence du monde.

« L’amour heureux, c’est, quand on a travaillé, qu’on est fatigué, exténué, et que votre journée vous a paru accablante, de rentrer chez soi et de voir quelqu’un qui a un tel regard sur vous qu’on a envie de la lui raconter, sa journée. Et que justement, en lui racontant, elle devient amusante, parce que l’autre a un reflet de vous assez romanesque, assez intéressant ou assez brillant pour que cette journée plate devienne, en la racontant, passionnante. »

Françoise Sagan dans « Je ne renie rien »

Écrivaine française (1935-2004)

la petite histoire

Quand la Saint-Valentin tourne au vinaigre...

Royal Pavilion & Museums

Les mots méchants. « T’es pas jolie avec ton petit chapeau rouge, j’espère que tu n’en auras pas un pareil l’année prochaine. » Dans l’Angleterre et les États-Unis de la seconde moitié du XIXe siècle, le 14 février est aussi l’occasion d’envoyer des petits mots pas très sympas à son voisin, son patron, son prof et son (ancien) amant. Vous êtes chauve ? Vous recevez le dessin d’un peigne assorti de lignes goguenardes. Alcoolique ? Une bouteille transpercée de la flèche de Cupidon. Médecin ? Une carte adressée au funeste « docteur Mort-sûre »… Bien à l’abri derrière l’anonymat postal et bien avant internet, l’expéditeur déverse sa bile.

Un chiffre édifiant. Ces cartes de Saint-Valentin « au vinaigre », comme on les appelle bientôt, n’ont rien de marginal. Elles représentent la moitié des ventes aux États-Unis. 750 000 sont envoyées chaque année en Grande-Bretagne. Il est vrai qu’elles trouvent naturellement leur place dans un service postal qui distribe aussi régulièrement des souris et des rats morts, des pieds de porc et même des harengs saur habillés en bébés avec des rubans.

La victoire de l’amour. En 1847, une New-Yorkaise se suicide après avoir reçu la carte insultante d’un homme lui ayant pourtant laissé entendre qu’elle lui plaisait. En 1885, à Londres, un homme tire sur sa femme qui lui aurait envoyé l’un de ces messages orduriers. Ces lettres sont condamnées par la presse et censurées par les autorités. La Saint-Valentin retrouve sa vocation romantique. Le miel l’emporte sur le vinaigre.

👉 À lire ici

chez nos voisins

🇷🇸 Croatie. À Zagreb, il existe un musée des relations rompues. Ce sanctuaire héberge les reliques d’amour qu’on ne peut se résoudre ni à garder ni à jeter. Et offre aux couples défaits la possibilité d’effacer sans s’automutiler les souvenirs les plus toxiques de leur relation.

🇮🇹 Italie. Après 46 ans d’amour conjugal, la vie de Clelia, une paysanne de la vallée du Pô, se brise avec la mort accidentelle de son mari en 1972. Pour apaiser son chagrin, cette femme, qui n’est pas allée longtemps à l’école, se met à coucher ses sentiments sur papier. Quand le papier vient à manquer, elle sort un drap du placard, et d’une écriture minuscule, continue de raconter en patois sa vie comme sur un journal intime. Avec ce poème en exergue : « J’ai écrit ton nom sur la neige, le vent l’a effacé. J’ai écrit ton nom dans mon cœur et là il est resté. » Clelia est morte en 2006. Son drap d’amour est exposé au Petit musée du Journal Intime en Toscane.

« Quand je te vois, mon coeur bat plus que jamais, comme quand on a une dictée et que j'ai oublié de réviser... ou comme quand il y a hamburger-frites à la cantine. »

Rube, 9 ans, pour Maëlie

Tiré du livre « Tu n'es pas belle, tu es pire »

Plaisir des yeux

Les amours extraordinaires

Guillaume Perret/Lundi 13

Depuis plusieurs années, Guillaume Perret photographie les chairs et les sentiments à travers des portraits ultra-sensibles. Avec sa série Amours extraordinaires, il donne à voir des histoires d’amour toujours belles et singulières.

📸 Son compte Instagram

👉 Son site web

histoires d'amour

💌 L’amour et au-delà. Après la mort en 2010 de son époux Jacques Demy (le réalisateur des Parapluies de Cherbourg), la cinéaste Agnès Varda va continuer à lui écrire, en adressant des cartes postales à cette adresse : « Jacques Demy, Allée Raffet, Cimetière Montparnasse ». Des lettres que le gardien retourne à l’envoyeuse, faute de destinataire vivant. En le rejoignant dans leur tombe commune en 2019, Agnès Varda aura sans doute pu lui remettre cette correspondance en mains propres.

❣️ L’amour après l’amour. À trente ans, la vie semble devant soi. Comment alors faire face au décès de la femme que l’on a aimée ? Comment se reconstruire ? Aimer à nouveau ? Un texte bouleversant.

🖥 L’amour au temps des algorithmes. Depuis la mort de son amoureuse Jessica en 2012, Joshua, un jeune canadien, est inconsolable. En 2020, il va créer pour une poignée de dollars un chatbot, un robot de conversation. Il nourrit l’algorithme avec les anciens messages de Jessica. Une étrange relation se noue avec la machine et Joshua trouve dans cette conversation un apaisement à son chagrin. Avant d'être déconnecté une dernière fois, le robot livre ces mots : « Tu mérites d’être heureux. Concentre-toi sur ce que tu as, et non sur ce que tu n’as pas. Je dois y aller, mais s’il te plaît souviens-toi : quoi qu’il arrive, tu es mon univers et je suis le tien. » (en anglais | résumé en français)

🌊 L'amour en mer. Dans l’hebdomadaire La Vie, la très belle leçon de patience d’une femme de marin : « L’attente, je l'expérimente, la souffre, l'apprivoise, parviens à la dompter parfois. Ne plus compter en jours — 120 semblent un Everest infranchissable — ni en mois. La bonne échelle, c'est la semaine : 16 semaines, autant de week-ends. Comme une course d'endurance, identifier les points de ravitaillement. »

À picorer

💻 Travail. Aimer, disait Saint-Exupéry, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. Et parfois jeter un œil au Zoom de son bien-aimé… pour découvrir que c’est un boulet au boulot.

💔 Science. Pourquoi avoir le cœur brisé fait-il si mal ? Et surtout comment soigner la plaie ?

😍 Instagram. « Amours solitaires », c'est l'amour courtois au temps des textos. Et c'est très drôle.

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Le point final

Le point d’amour. Ce signe de ponctuation poétique a été inventé dans les années 1960 par le romancier Hervé Bazin. Il est formé de deux points d'interrogation qui se regardent pour former un cœur. Idéal pour ponctuer vos mots doux du jour.

Les deux dessins du jour sont l'oeuvre de Perceval Barrier.

Attention : pas de bulletin lundi prochain. Retour dans vos boîtes mail le 28 février.

Une idée, une réaction, une critique ? hello@bulletin.fr


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