Épinglé

🗣 Challenge. Caroline, l’une de nos fidĂšles lectrices, nous demande s’il existe un mot pour exprimer le mĂ©lange de soulagement, de joie, de culpabilitĂ© et de tristesse qui envahit les parents lorsqu’ils « abandonnent » leurs enfants pour quelques jours durant les vacances. Si ce mot existe, et surtout si vous avez une idĂ©e pour l'inventer, envoyez-nous vos propositions via hello@bulletin.

Les bonnes infos

Pour démarrer cette semaine en douceur

Georgia O'Keeffe - Sun Water Maine

→ Du baume au coeur

« Cher parent, tu es un bon prof et tu permets Ă  ton enfant de garder le lien avec sa classe, son enseignant, son Ă©cole». La lettre rĂ©confortante d’une instit’.

→ Une dĂ©chetterie-supermarchĂ©

A Vayres en Gironde, la dĂ©chetterie est devenue un supermarchĂ© d’un genre nouveau. Les habitants dĂ©posent leurs vieux objets mais peuvent venir en rĂ©cupĂ©rer d'autres gratuitement, une vieille poussette ou du bois pour bricoler. 80% des objets dĂ©posĂ©s trouvent preneurs. L'enfouissement a baissĂ© de 60%, sans surcoĂ»t pour la collectivitĂ©.

→ L’heure de silence

De plus en plus de supermarchĂ©s proposent une heure silencieuse pour permettre aux personnes autistes et Ă  leurs familles de venir faire leurs courses sereinement. La lumiĂšre est baissĂ©e, la musique et les annonces au micro coupĂ©es, les appareils de nettoyage rangĂ©s et le passage en caisse adaptĂ©. Une loi devrait rendre ce systĂšme obligatoire en 2022. C’est l’aboutissement du combat de Christelle Berger, maman d’une petite fille autiste.

→ Le boom des rues scolaires

Chez nos voisins belges, espagnols ou anglais, le concept est en plein essor. Le principe : piĂ©tonniser temporairement certaines rues aux heures d’ouverture et de fermeture des Ă©coles pour permettre aux enfants de venir Ă  l’école Ă  pied ou Ă  vĂ©lo. À Londres, 350 rues sont concernĂ©es. Premiers rĂ©sultats encourageants : 30 % des parents londoniens ont rĂ©duit leur usage de la voiture.

→ RĂ©ussir son crĂ©neau en cargo

Le bouchon XXL du canal de Suez pourrait profiter Ă  Artelia, raconte le quotidien Les Échos (article payant). En IsĂšre, cette entreprise française mĂ©connue possĂšde le plus important centre d’entraĂźnement au monde. Un drĂŽle de parc d’attractions : les aspirants pilotes de cargos apprennent Ă  naviguer sur des maquettes Ă  taille humaine, comme le racontait le site Mer et Marine.

→ Les yeux de l'info

On les surnomme les CLP, les Correspondants Locaux de Presse. Ce sont eux qui remplissent une grande partie des pages de nos journaux locaux. Comme RenĂ©e, devenue la mamie-reportrice la plus cĂ©lĂšbre de France pour avoir couvert une rave-party. Ou Jean-Philippe, correspondant de Ouest-France depuis 20 ans, qui raconte ce travail de l’ombre.

Chez nos voisins

đŸ‡ŠđŸ‡± Albanie. Libre de tout barrage, la Vjosa est le dernier grand fleuve sauvage du continent. Elle pourrait ĂȘtre sanctuarisĂ©e.

đŸ‡«đŸ‡ź Finlande. Le trĂšs sĂ©rieux quotidien Helsingin Sanomat a imaginĂ© une police de caractĂšres qui « fond » en mĂȘme temps que les glaces de l’Arctique.

🇼đŸ‡č Italie. Les meilleurs panettones d’Italie sont fabriquĂ©s Ă  Padoue dans une prison-boulangerie.

la bonne source

📌 Sur le bout des langues. Jeudi, le Parlement a adoptĂ© une loi historique pour les langues rĂ©gionales, qui renforce leur protection et leur enseignement. Si les langues vous passionnent, si les anglicismes vous agacent, on vous recommande vivement la newsletter de Michel Feltin-Palas, rĂ©dacteur en chef de L’Express. Pardon, son infolettre !

PS : On l’a dĂ©jĂ  partagĂ© mais cet atlas sonore des langues rĂ©gionales du CNRS est une pĂ©pite.

La vie des autres

La vie pavée de courage de Thomas, ancien SDF

Simon Louvet / 76actu

À Rouen la semaine derniĂšre, Thomas, un ancien SDF, est mort Ă  seulement 27 ans. Simon Louvet, l’un de ses anciens camarades de classe devenu journaliste pour le site Actu.fr, raconte depuis plusieurs annĂ©es la vie et le combat de TomTom pour sortir de la rue. Une vie de courage, de fragilitĂ© et d'humanitĂ©.

Son histoire. La scolaritĂ© de Thomas s’arrĂȘte en quatriĂšme. Il Ă©choue Ă  dĂ©crocher deux CAP (boulanger et fleuriste). Ses relations familiales sont difficiles. Il fait plusieurs passages en prison pour violences et dĂ©gradations. À Rouen, il dĂ©couvre la vie Ă  la rue. Il s’installe dans un campement au pied d’une falaise, abritĂ© par une simple bĂąche, en compagnie de plusieurs jeunes en marge. « Une fois que tu sors du systĂšme, t’es foutu » 

Son combat. TomTom va pourtant tout faire pour s’en sortir, malgrĂ© ses dĂ©mons et la violence de la rue. Pour sa chienne Nana, il parvient Ă  diminuer sa consommation l’alcool. L’animal le responsabilise  : il lui faut Ă©conomiser l’argent pour payer les vaccins, la nourriture. En 2016, Thomas rencontre Tonton, un SDF de Rouen, ancien tailleur de pierre qui lui apprend la sculpture sur bois. Il se met Ă  rĂȘver : devenir Ă©bĂ©niste.

Sa victoire. En mai 2019, aprĂšs cinq ans dehors et une santĂ© trĂšs fragilisĂ©e, Thomas retrouve un petit logement grĂące Ă  la caution versĂ©e par des amis « C’est une porte ouverte vers mon futur, pour trouver du travail. J’ai des pistes, pour faire de la plonge ou avec une entreprise de peinture. J’ai mes toilettes, je peux me doucher, me faire des petits plats. Des trucs basiques de la vie quotidienne, comme ouvrir mes volets le matin en me rĂ©veillant. Je revis enfin ! » 

👉 Ses annĂ©es dans la rue (2017)

👉 Sa nouvelle vie (2019)

535

C'est le nombre de personnes identifiées mortes dans la rue en 2020. Elles avaient 49 ans en moyenne. Voici leur noms.

FOIRE AUX QUESTIONS

đŸ§’đŸ» Famille. Votre enfant se trouve moche ? Voici des mots pour le rassurer

🔑 SĂ©curitĂ©. Suis-je victime du piratage de Facebook ? VoilĂ  comment le vĂ©rifier.

MatiĂšre Ă  penser

Le bleu, couleur de la mer et des mystĂšres

Walt Spitzmiller

C’est la couleur des ocĂ©ans et des schtroumpfs. Le podcast Science, animĂ© par des chercheurs et des passionnĂ©s, explore les secrets de cette couleur mystĂ©rieuse.

Trois faits amusants et intéressants :

  • Les yeux bleus. Au dĂ©but de l’humanitĂ©, tous les hommes avaient les yeux marrons. Ce n’est que rĂ©cemment — entre 4000 et 8000 ans av. J.-C. — que les yeux bleus sont apparus, peut-ĂȘtre en raison de la mutation d’un des 60 gĂšnes contrĂŽlant la production de mĂ©lanine. Comme pour la peau et les cheveux, c’est la concentration de ce pigment biologique prĂ©sent dans l’iris qui va dĂ©terminer la coloration des yeux. Peu c’est bleu, beaucoup c’est marron. Mais la gĂ©nĂ©tique n’explique pas tout. La forme mĂȘme de l’iris constituĂ©e de multiples couches de muscles et de collagĂšne va conditionner la maniĂšre dont la lumiĂšre va se diffuser et Ă©clairer l’Ɠil. Ce qui explique la variation infinie des teintes de bleus, mĂȘme chez des jumeaux aux gĂšnes identiques. 
  • Le peuple bleu. Ce podcast raconte aussi une histoire folle, celle de Martin Fugate, un orphelin français venu aux États-Unis au XIXe siĂšcle. Sa particularitĂ© : sa peau est bleutĂ©e en raison d’un gĂšne dĂ©faillant qui ne rĂ©gule plus la production de mĂ©thĂ©moglobine, une forme d’hĂ©moglobine. Hasard fou, sa femme a le mĂȘme problĂšme gĂ©nĂ©tique. Vivant en vase clos dans les Appalaches, ils donnent naissance Ă  sept enfants qui donne eux-mĂȘme naissance Ă  une communautĂ© de gens bleus. Il faudra attendre les annĂ©es 1960 pour qu'un mĂ©decin identifie le problĂšme. GrĂące Ă  un traitement Ă  base de bleu de mĂ©thylĂšne (sic), ils retrouveront un teint rosĂ© en quelques minutes. 
  • Le bleu d’HomĂšre. À la fin du XIXe siĂšcle William Gladstone, un ancien premier ministre britannique passionnĂ© par HomĂšre, se rend compte de l’absence du bleu dans l’Iliade et l’OdyssĂ©e. La mer est ainsi sombre comme le vin. Gladstone mettra cela bizarrement sur le compte des problĂšmes de vue des Grecs. L’explication est plutĂŽt du cĂŽtĂ© de la langue. Les Grecs utilisaient parfois davantage l’intensitĂ© d’une couleur (sombre ou claire) que la couleur elle-mĂȘme.

👉 À Ă©couter ici

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À PICORER

⁉ Ponctuation. Le point pourrait ne pas survivre Ă  internet et aux SMS. 

đŸ“Č Internet. Ces Youtubeurs ont des millions de fans en ligne. Et dans la vraie vie, c’est parfois compliquĂ©.

💍 CinĂ©ma. Dix ans avant le Seigneur des Anneaux, la tĂ©lĂ©vision avait russe avait diffusĂ© en 1991 une adaptation de Tolkien. Pas avec le mĂȘme budget.

🩌 Livres. Les rĂ©cits Ă©colos qui cĂ©lĂšbrent la vie sauvage cartonnent dans les librairie.

💒 Religion. Tube des bancs de messe, la chanson « Tu es lĂ  au cƓur de nos vies » fut conspuĂ©e Ă  sa sortie en 1973.

📍 Langue. 80 % de gendres et des brus tutoient leurs beaux-parents.

🏀 Sommeil. Si le basketteur Lebron James et le football amĂ©ricain Tom Brady sont les meilleurs, c’est parce qu’ils font de trĂšs gros dodos — 10 h par nuit.

🚂 Voyage. Ulysse qui court les aventures tandis PĂ©nĂ©lope l’attend patiemment ? TrĂšs peu pour Anita Conti, Ella Maillart, Alexandra David-NĂ©el et toutes ces autres aventuriĂšres.

PS : En suĂ©dois, le mot Resfeber dĂ©signe la fiĂšvre du dĂ©part, quand votre cƓur bat dans un mĂ©lange d’anxiĂ©tĂ© et d’excitation juste avant de partir.

« La vertu essentielle en ce moment, c’est la souplesse, l’élasticitĂ© nĂ©cessaire pour se plier et se redresser sans se laisser briser. Dans mon champ chez moi, je piĂ©tine une petite marguerite avec un poids qui devrait ĂȘtre pour elle Ă©crasant, mais elle se redresse aprĂšs mon passage. VoilĂ  ce qu’il nous faut, la tĂ©nacitĂ© souple de la marguerite. »

Erri de Luca

Écrivain italien

Plaisir des yeux

Danser la murmuration des oiseaux

Youtube - Sadek Waff

C’est l’un des plus beaux spectacles de la nature. La murmuration dĂ©signe le ballet aĂ©rien des oiseaux qui dansent dans un immense nuage noir et mouvant. C’est en s’inspirant de la nature que le chorĂ©graphe nĂźmois Sadek Waff, accompagnĂ© de 64 danseurs d’une Ă©cole de hip-hop bordelais, a conçu son propre ballet, sa propre murmuration. GĂ©omĂ©trique et envoĂ»tant !

👉 Voir la vidĂ©o

Les mots de la fin

đŸș Les mots de la biĂšre. Vous rĂȘvez de siroter une biĂšre en profitant du soleil du printemps ? Les NorvĂ©giens ont un mot pour cela : utepils, la biĂšre d'extĂ©rieur (ute = dehors, pils = une biĂšre tchĂšque trĂšs consommĂ©e). Les Allemands ont eux le mot wegbier, la biĂšre de voyage, Ă  boire en rentrant de son travail ou pour se rendre Ă  une fĂȘte (on parle aussi de fußpils, la biĂšre Ă  pieds).

Sauf qu’aux États-Unis, boire dans la rue est rĂ©prĂ©hensible : on s'adonnera alors Ă  la pratique du brownbagging, soit le fait de cacher sa biĂšre dans un sac en papier marron. Enfin, on pourra se rabattre sur le kalsarikĂ€nni finlandais : boire sa biĂšre seul chez soi, en slip ou en culotte.

❀ Le mot-bonus. Koi No Yokan æ‹ăźäșˆæ„Ÿ. En japonais, cette expression dĂ©signe le pressentiment de l’amour. La certitude que vous allez — dans le futur — tomber inĂ©vitablement amoureux de la personne que vous venez de rencontrer. DiffĂ©rent du coup de foudre immĂ©diat : hitomebore äž€ç›źæƒšă‚Œ.

📍 Vos mots. Marie nous signale le joli mot de coriottes, les petites ficelles en vosgien, comme celles utilisĂ©es pour serrer la capuche d’un enfant.

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